qui vient de paraître chez Pearson.
Voir aussi le site de l'éditeur. Ce blog permettra de collecter les commentaires et remarques sur cette édition et pourquoi pas de ré-ouvrir le débat sur l'enseignement de l'économie en France.
Ce débat avait été très important au moment des pétitions des étudiants et avait inspiré en 2001 un rapport commandité par Jack Lang à Jean-Paul Fitoussi. L’enseignement de l’économie en question. Rapport au Ministre de l’Education Nationale, Fayard ed., J.P. Fitoussi, Septembre 2001
L'enseignement de l'économie en France fait partie du périmètre des missions du Conseil pour la Diffusion de la Culture Economique.
Voici les premières lignes de l'introduction.
Dans l'inconscient collectif français, la science économique a deux défauts majeurs. D'une part, c'est une science qui ferait l'apologie des marchés, car ceux-ci seraient efficients, et qui nierait donc l'utilité de l'intervention de l'État. D'autre part, elle serait abstraite, théorique, éloignée des faits, mathématisée à l'outrance pour masquer de sombres desseins idéologiques et les parer d'un vernis scientifique. À cela s'ajoute un troisième défaut, reconnu mondialement : elle est souvent présentée comme la science lugubre, pour reprendre l'expression de l'historien du XIXème siècle Thomas Carlyle (« the dismal science ») lorsqu'il s'attristait des sombres prédictions du démographe et économiste Thomas Robert Malthus.
Lorsqu'il m'a été demandé pendant l'été 2007 de reprendre le prestigieux cours d'introduction à l'économie de Sciences Po du professeur Dominique Strauss-Kahn, dispensé auparavant par de non moins illustres prédécesseurs (le président de la Fondation Nationale des Sciences Morales et Politiques Jean-Claude Casanova, l'ancien Premier ministre Raymond Barre), ces trois défauts m'apparaissaient comme autant d'obstacles conduisant inévitablement à l'échec. Comment faire en effet pour imposer les efforts considérables qu'exige l'acquisition du raisonnement économique, sans disposer de l'aura d'un ancien ministre des finances, face à des centaines d'étudiants extrêmement brillants mais parfois effrayés par les mathématiques, formés pour une grande partie dans des filières où l'enseignement de l'économie est inexistant ou mêlé de sociologie et de sciences politiques, avec enfin un parti pris anti-économique d'une grande partie de la population, des médias et des collègues d'autres disciplines ? La tâche paraissait tout simplement impossible.
Le cours que j'ai donc mis au point cette première année a pris le parti, d'emblée, de prendre à revers toutes ces critiques de la discipline économique. Après quelques semaines de maturation, cette tâche m'est apparue en réalité comme extrêmement simple : il suffisait de montrer que grâce au développement d'immenses bases de données sociales, les travaux publiés en économie depuis 20 ans étaient pour la plus grande partie des travaux empiriques ; que ces travaux couvraient des domaines aussi divers que la criminalité, la drogue, la santé ou l'environnement ; que grâce aux travaux fondateurs de plusieurs prix Nobel, les techniques empiriques avaient fleuri, irriguant les travaux microéconomiques et macroéconomiques, obligeant les théories à se remettre sans cesse en question ; il fallait insister sur le fait que grâce aux travaux fondateurs d'autres prix Nobel, la notion d'asymétrie d'information avait fondamentalement remis en cause les théories de l'efficience des marchés ; et enfin que ces concepts ainsi que ceux de la nouvelle économie publique avaient profondément changé notre perception du monde, permettant de comprendre les fondements des crises sanitaires et financières dont la crise actuelle, de façon bien plus précise que ce que les théories keynésiennes ou classiques avaient pu réaliser.
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EDIT novembre 2010.
Le Prix AFSE 2010 du livre destiné aux étudiants en économie et publié par un économiste français est décerné à l’occasion des Journées de l’économie de Lyon, le jeudi 11 novembre 2010.
C’est Etienne WASMER, Professeur à Sciences Po Paris, qui a été désigné comme lauréat de l’édition 2010 pour son ouvrage « Principes de microéconomie. Méthodes empiriques et théories modernes », publié chez Pearson en avril 2010. Un ouvrage pédagogique associé à un blog pour mieux répondre aux attentes des étudiants
Le jury a considéré que cet ouvrage était particulièrement bien adapté à la formation de base des étudiants en microéconomie, autant en ce qui concerne l’assimilation des raisonnements économiques élémentaires que pour ce qui est des approfondissements proposés dans l’analyse de l’imperfection des marchés non-concurrentiels, dans l’application de la théorie des jeux ou dans la modélisation de certains marchés spécifiques (marché du travail, marchés d’actifs…).
Le jury a également apprécié la pédagogie du mode d’exposition et l’adossement à un site internet, chez l’éditeur Pearson, sous la forme de ressources pour l’étudiant ou pour les enseignants, et à un blog spécialement dédié à ce manuel, permettant aux étudiants de compléter leur apprentissage et de poster des commentaires auprès de l’auteur.
Un Prix pour promouvoir la diffusion et l’enseignement de la science économique
L’Association française de science économique (AFSE) a créé un Prix destiné à récompenser le meilleur livre publié par un économiste français à destination des étudiants en économie.
L’ouvrage choisi doit avoir été publié l’année précédente ou l’année de remise du prix. Le jury composé de neuf économistes représentatifs de la diversité de la profession est nommé par le Comité directeur de l’AFSE. Le jury a d’abord présélectionné une short-list de cinq ouvrages jugés particulièrement adaptés à un public d’étudiants, qu’il s’agisse de manuels de cours ou d’ouvrages de synthèse faisant le point sur une question.
Les cinq ouvrages suivants ont été présélectionnés :
- Philippe AGHION et Peter HOWITT, L’économie de la croissance, Paris, Economica, 2010.
- Bruno DEFFAINS et Eric LANGLAIS (Dir.), Analyse économique du droit. Principes, méthodes, résultats, Bruxelles, Paris, De Boeck Université, 2010.
- Jérôme GAUTIE, le chômage, Collection Repères, Paris, La Découverte, 2009.
- Pierre-Cyrille HAUTCOEUR, La crise de 1929, Collection Repères, Paris. La Découverte.
- Etienne WASMER, Principes de microéconomie. Méthodes empiriques et théories modernes, Paris, Pearson, 2010.
Source : communiqué de presse
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EDIT 14 novembre 2011
Prix Wolowski de l'Académie des Sciences Morales et Politiques
Ce prix est décerné tous les quatre ans alternativement à un ouvrage de législation et à un ouvrage d'économie politique.
Le jury
Le jury est composé alternativement des membres de la section Législation ou d'Economie politique.
Prochaine attribution :
Une médaille sera attribuée en 2015 à un ouvrage de législation publié dans les huit années précédant la clôture du concours.
- 2019 - Economie
- 2023 - Législation
- 2011 - Etienne Wasmer, Principes de microéconomie, Paris (Pearson Éducation France), 2010.
Détails: http://www.asmp.fr/prix_fondations/fiches_prix/wolowski.htm
EDIT, janvier 2012: un article sympathique.
"il suffisait de montrer que grâce au développement d'immenses bases de données sociales, les travaux publiés en économie depuis 20 ans étaient pour la plus grande partie des travaux empiriques"
Je pense que la clef est effectivement là. J'ai toujours été surpris de voir que d'un côté, la recherche en économie est à 70% empirique et 30% théorique, tandis que, dans certaines facs, les cours de L1 à L3 sont composés à presque 100% de théorie. Même les cours d'économétrie !
Rédigé par : Yannick | 09/05/2010 à 17:25
Mon expérience est qu'en effet, après quelques heures consacrées à l'analyse des données sociales et à l'identification causale, les étudiants sont vite en attente de théorie pour enrichir la compréhension. La démarche empirique plait, mais ne suffit plus.
En revanche, démarrer la théorie économique par l'équilibre de marché est un autre piège que je recommande d'éviter. Il y a beaucoup à dire avant. Les chapitres 4 à 9 sont consacrés à l'analyse de la rationalité individuelle et de ses limites, la théorie de l'entreprise est abordée aux chapitres 10 et 11. L'équilibre concurrentiel n'arrive, à dessein, qu'au chapitre 12.
Rédigé par : Etienne Wasmer | 09/05/2010 à 17:45
Pour une fois que j'ai un interlocuteur à qui poser la question... Quelle peut-être la motivation pour le nième prof d'économie à écrire un nouveau manuel de micro ?
Bon, dans votre cas, je connais la réponse : une volonté de coller à ce qui se fait aujourd'hui en économie, plus proche de la réalité etc...
Mais quand même. De tête je peux vous citer le manuel de Varian, celui de Krugman, celui de Rubinfield et ses co auteurs, celui de Picard, sans compter d'autres moins connus (je pense aux manuels de micro de chez Dunod par exemple).
Comment expliquer une telle offre alors que la théorie du consommateur qu'elle soit présentée par Varian ou Wasmer ça reste la théorie du consommateur !
Le ton du commentaire est volontairement provocateur. Je salue votre initiative.
Rédigé par : Thomas | 01/06/2010 à 16:23
A Thomas: ce n'est pas à moi de répondre à cette question, plutôt aux utilisateurs et aux lecteurs. Disons que l'économie ne peut pas s'enseigner de la même façon dans tous les pays et avec tous les publics. La traduction et l'adaptation d'un ouvrage américain ne répond pas forcément à cette exigence de cibler des étudiants et de pratiquer un enseignement de l,économie où le marché n'est pas le concept central.
Le Picard est très bien, mais ne correspond pas au même produit, il est plus mathématisé et adapté à un public d'ingénieurs ou de futurs économistes professionnels.
Enfin, j'ai essayé d'innover à deux niveaux : parler dès le départ de l'économie en tant que discipline empirique ; et insister sur l'économie en tant que science du comportement humain (optimisation, raisonnement à la marge et coût d'opportunité). Je relègue les implications normatives des marchés et leur équilibre aux chapitres 12 et 13, pour ensuite parler des inefficacités (éco publique, concurrence imparfaite, théorie des jeux et asymétries d'information). Je crois que l'esprit est différent, tout en respectant la substance. Bref, merci pour votre post.
Rédigé par : Etienne Wasmer | 03/06/2010 à 09:42
N'étant pas co-auteur, je peux répondre. Certes, le contenu dans l'ensemble reste le même, mais il faut bien reconnaître que le style et la touche personnelle différent.
Cela ne constitue vraiment pas un élément de fond, cependant. J'en conviens. Au fait, la vraie valeur ajoutée de ce livre reste sa première partie: du jamais vu. Et ça c'est énorme.
Salut Thomas
Rédigé par : MacroPED | 09/06/2010 à 22:06
Tout d'abord félicitations M. Wasmer pour la sortie de votre manuel, il est excellent ! Enfin un livre d'économie "français" qui trouve un juste équilibre entre une approche à la fois théorique, empirique, graphique et mathématique de l'économie (tant il est vrai que les économistes français ont tendance à écrire une équation toutes les deux lignes).
Si le premier chapitre propose une introduction innovante et originale à l'économie, comment justifiez-vous les deux suivants sur l'utilisation de la statistique en sciences sociales et le principe de causalité dans un livre de microéconomie ? A priori, cela devrait figurer en tête d'un manuel d'introduction à l'économétrie, non ? Qui plus est, ils n'apportent pas une compréhension fondamentale aux chapitres suivants traitant de la théorie purement microéconomique.
Quand à la partie 2 de votre manuel, pourquoi ne pas avoir inclue l'analyse de la limite de la rationalité dans un chapitre entièrement consacré à l'économie comportementale dans lequel vous auriez détaillé les recherches les plus récentes dans le domaine (ex : Richard Thaler, Daniel Kahneman, etc...) ?
Rédigé par : Martin Pochet | 09/08/2010 à 23:11
Merci du commentaire sympathique. Sur la question 2, j'y ai longuement pensé, ainsi qu'à un chapitre sur les développements de la neuroéconomie, mais d'une part il faut s'arrêter d'écrire à un certain stade, sinon on ne remet jamais le manuscrit à l'éditeur, et d'autre part et plus fondamentalement je n'etais pas tout à fait près, au sens où le sujet n'etait pas encore mûr dans mon esprit.
Pour la question 1, c'est un manuel d'introduction à l'analyse économique pour former, entre autres, des citoyens et des décideurs, qui doivent connaître l'intérêt des méthodes d'évaluation des politiques publiques et de la recherche de causalité en sciences sociale. C'est le rôle que jouent ces premiers chapitres.
De plus, ils me semblent éclairer le besoin de théorie microeconomique au plus haut point: sans modèles, on ne peut pas construire de contrefactuels et partant, on ne peut pas estimer de relation causale.
Tres bonne fin d'été à vous.
Rédigé par : Etienne Wasmer | 10/08/2010 à 09:20
Bravo pour la sortie de ce Manuel ! Le contenu est bon, je le conseils à tous !
Rédigé par : Olivier | 27/08/2010 à 12:33
Il me semble qu'une des conclusions du postulat de rationalité nous dirait, dans ce cas de figure, qu'un agent rationnel ne donnera un conseil ou avis sur un manuel (dans le but de contribuer à son amélioration) que s'il est rémunéré non ?
Quel est notre intérêt à contribuer à la qualité de futures éditions si nous n'en recevons pas une partie des bénéfices ?
Rédigé par : JB | 03/11/2011 à 13:45
negremont dit :vive hldalnoe votez le et rejoignez nous UMP c'est de la merde MAXIME NEGREMONT PRESIDENT JEUNES SOCIALISTES 87
Rédigé par : Wayel | 13/02/2012 à 18:37
bE6tQ2 aybrjpukcwef
Rédigé par : avnepw | 14/02/2012 à 09:20